Le premier jour du reste de ta vie (de chat)

(Début du billet écrit le 24 décembre)

« De temps en temps je lui parle à mon chat, qu’un salaud a abandonné sans doute parce qu’il était malade, m’avait-on expliqué au refuge. Je lui demande s’il est heureux. Il ronronne, me mordille la main et se roule par terre. Ça suffit à mon bonheur… »

Ces mots je les ai écrits le 23 septembre 2020.
Aujourd’hui je me demande combien de temps je vais pouvoir parler de mon chat au présent.
Depuis presque deux mois, je suis inquiet pour son état de santé. Les quelques pistes évoquées pour expliquer son apathie et sa parte de poids sont inquiétantes et me laissent imaginer qu’il ne sera plus là dans quelques semaines ou quelques mois. J’essaye de m’y préparer et dès que je tends la main vers mon chat, dès que je pense à lui, dès que je regarde les photos que j’ai pu faire de lui depuis presque trois ans, j’ai les larmes aux yeux.

« J’ai accueilli un chat pour le rendre heureux. Je sais qu’il ne manque objectivement de rien mais est-ce suffisant ? Je sais qu’un chat dort beaucoup et il dort beaucoup… Il quémande des caresses et il les obtient… Il est gourmand et il a des croquettes, des friandises et du melon en été… Je lui laisse lécher l’opercule des yaourts soja aux fruits que je mange quotidiennement… Il a un beau poil, brillant et doux et il adore que je le brosse… Ah ! le passage de la brosse sous le menton, les yeux fermés…
Est-il heureux ? J’aimerais tant qu’il me rassure ! »

Quand je relis ce que j’ai écrit en décembre 2020, après un an de « vie commune », je culpabilise encore plus. Je voulais rendre mon chaton heureux et je l’ai laissé grignoter des pans entiers de mon égoïsme et de mes habitudes de célibataire… Et aujourd’hui, il est malade…

(Suite du billet écrite le 27 décembre)

Aujourd’hui, verdict qui claque comme un clap de fin…
La biopsie pour savoir ce que cachaient ces ganglions qui avaient l’air bien gros à l’échographie a parlé… Premiers résultats : le caractère cancéreux a été rapidement éliminé. Restait à connaitre l’origine de l’infection…
Le couperet est tombé : c’est une une PIF. Une Péritonite Infectieuse Féline. Pas de traitement, pas d’espoir, seulement des traitements palliatifs et une fin qui peut être rapide. On compte en mois, peut-être en semaines. Et là, à travers mes yeux remplis de larmes, j’ai devant moi un chat devenu câlin, demandeur de caresses plus que de croquettes. Un chat qui ronronne et qui se love au pied de mon lit quand je vais me coucher…
J’ai culpabilisé d’avoir attendu presque 15 jours avant de me décider à l’amener chez la véto. Même si je sais aujourd’hui que ça n’aurait rien changé… Depuis plusieurs jours j’essaye de me préparer, de me faire à l’idée que je vais perdre Asgård… Tenter d’imaginer le futur, même triste, ça reste une construction de l’esprit tellement factice. Tellement théorique. Tellement vaine, finalement.

Aujourd’hui, la raison se fracasse sur une réalité douloureuse et s’oppose à la douceur d’une boule de poils et de ronronnements qui vient se frotter contre mes jambes.
Jusqu’à quand ?

Aujourd’hui, le plus déchirant c’est de connaitre l’issue mais pas l’échéance. Le plus angoissant va être de surveiller le chaton, pas pour savoir s’il va bien mais pour tenter de comprendre s’il souffre.

Aujourd’hui, je sais qu’il va partir mais… Mais il ne faut pas que ce soit douloureux pour lui. Je sais qu’il faudra bientôt prendre une décision, avec les conseils du véto, pour ce que j’imaginerai alors être le mieux pour mon Asgård.
Un jour, bientôt, on ira chez la véto pour qu’il s’endorme. Paisiblement je l’espère, dans mes bras.

J’ai accueilli un chat pour qu’il soit heureux… C’était le 3 janvier 2020. Ça fera donc tout juste 3 ans dans une semaine. J’avais repéré Asgård, qui ne s’appelait pas Asgård à l’époque, parmi les chats à adopter, parce qu’il avait été testé positif au sida des chats et que je savais qu’il aurait plus de difficultés à être adopté. Quand je suis allé au refuge, j’avais expliqué que tout dépendrait de son comportement : le pépère de 6 kilos était venu tout de suite se frotter contre moi, c’est lui qui m’avait adopté…
3 ans plus tard, c’est un compte à rebours qui me brise le cœur qui s’enclenche…

Toutes proportions gardées, j’ai l’impression d’être Ryan O’Neal dans Love Story, un Ryan O’Neal qui aurait troqué son amour pour Ally McGraw pour l’amour d’un chat…
A l’instar de l’accroche du film « Elle aimait Mozart. Et Bach. et moi… », dans ma tête, tournent les mots « Il aimait les crevettes. Et le melon. Et moi… »
Et je pleure déjà.

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5 réflexions au sujet de « Le premier jour du reste de ta vie (de chat) »

  1. Il aura au moins eu le bonheur d’être avec toi et tu peux être fier d’avoir été son monde trois ans durant.

    Il n’aimerait pas te savoir triste trop longtemps, alors tel Ryan O’Neal à Ali Mc Graw, promets lui que tu trouveras un autre bestiau à poil, quand tu seras prêt.

    Ce ne sera jamais pareil. Aucun bestiau n’est identique. Mais la douceur de les avoirs adoucis les souvenirs et la nostalgie qu’on a des précédents.

    Ce n’est jamais facile de faire piquer sa boule de poils. Je te fais des bisous.

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