Dans ma maison d’amour (P. Vassiliu)

Quand j'aurai tant et tant, si on me laisse le temps,
Que mes copains viendront sur leur fauteuil roulant
Le comparer au mien avec un p'tit sourire
Je veux que tous ensemble nous parlions d'avenir
Pas de rides, pas de lunettes, pas de fauteuil, pas de canne
Même, même que nous danserons sur le dernier Dylan

J’ai commencé à écrire ce billet depuis ma terrasse, au soleil avec Scotty à mes côtés, encore en stade de découverte de son nouvel environnement… Les derniers mots sont posés alors que le ciel est gris, que la terrasse est mouillée et que Scotty dort dans un fauteuil.
Mais je suis « chez moi ».
Ce sera un billet « décousu » tant les pensées, sensations, réactions que je peux avoir sont volatiles, disparates voire futiles mais je le crois assez représentatives de ce que je vis et ressens…

Au moment de vendre la maison de mes parents à Béthune, j’avais récupéré une coccinelle en céramique que Papa et Maman avaient achetée dans une brocante et fixée sur le mur, à côté de la porte d’entrée. Une coccinelle ou plutôt une « barbelote » comme Maman disait, enfant, dans sa Normandie natale.
Cette « barbelote », c’est une des premières choses qui a trouvé sa place sur le mur de la terrasse de mon nouveau chez-moi. Un trait d’union avec Papa et Maman en quelque sorte…

Si je simplifie les choses, je dirais que je me suis fait plaisir avec cet appartement. J’étais déjà propriétaire certes mais avec ce premier appartement que j’avais acheté, je m’étais « rassuré ». J’avais calculé que j’aurais fini de payer le crédit avant mon départ à la retraite et donc que je n’aurais pas à me poser de question « pour mes vieux jours » comme on dit dans ces cas-là. J’avoue que je ne m’imaginais pas célibataire au moment de signer les papiers chez le notaire.
Et finalement…

Acheter un appartement alors qu’on est seul et qu’aucun enfant n’est en vue (à ma connaissance, ou alors j’avais bu, ou alors on m’aurait ment,i ou alors j’ai préféré oublier, ou alors…), ça sert à quoi ? Mis à part le petit frisson ressenti quand on se dit in petto « je suis propriétaire », ça ne sert à rien d’autre qu’à payer la taxe foncière… Ou si : à rêver à ce que sera sa nouvelle vie, en se disant que ça va être mieux, plus ensoleillé…

Certes, j’étais déjà propriétaire depuis une quinzaine d’années, mais je savais – lorsque j’ai acheté mon précédent appartement – que ce ne serait pas un « chez-moi » définitif. Certes j’étais au calme, sans vis à vis, avec un balcon. Mais un balcon orienté à l’est : à 11:00 je n’avais plus le soleil…
Ici, avec cette terrasse dont j’ai si fortement rêvé (et qui a été le déclencheur de l’achat), j’ai envie de me poser au soleil, tranquillement, simplement bercé par ma musique, étant à peine perturbé par les bruits de la rue en bas de chez moi ou par les cris et rires et rires des gamins qui jouent dans le jardin public de l’autre côté de la rue.
C’est d’ailleurs marrant : je redécouvre les bruits et mouvements propres à la vie citadine dont j’avais été préservé dans mon ancien appartement, finalement très calme. Peut-être que dans quelques temps cette « vie » urbaine me paraîtra insupportable, mais pour le moment ça participe au charme de la nouveauté…

Dans ma tête, ce nouvel appartement dans lequel je viens d’emménager sera mon dernier « chez-moi ».
Sauf bien sûr si je suis obligé de partir en ehpad…
Ou que je gagne au loto et que j’ai les moyens de m’offrir un appartement avec vue sur la mer…
Mais pour le moment j’ai trouvé un appartement qui me convient et dans lequel je me sens bien.
Après quelques jours de vie dans ce nouvel espace, j’ai déplacé les meubles du salon tels qu’ils avaient été posés à ma demande par les déménageurs. Et quasi instantanément après cette inversion entre télé et canapé, quand je me suis assis, j’ai su que c’était la bonne disposition : je me suis senti bien dans cet espace recomposé…

Depuis que j’ai emménagé, j’ai le sentiment de m’être laissé emporter dans un tourbillon d’achats… Des nouvelles casseroles parce que les anciennes ne sont pas compatibles avec l’induction… Des nouveaux tabourets de bar parce que ceux que je possède étaient adaptés à la configuration de mon ancien appartement alors qu’ils s’avèrent trop hauts pour l’îlot central de ma nouvelle cuisine… Des étagères pour ranger les CDs et les DVDs… Des nouveaux fauteuils pour remplacer le salon Poltronesofa acheté en 2021, trop imposant dans mon nouvel appartement (et dans lequel je n’ai jamais été bien assis)… Un nouveau chevet pour remplacer la petite table roulante en tubes rouge qui me suivait depuis plus de 20 ans…
Un peu comme un nouveau départ.
A moins que ce ne soit le dernier arrêt. Alors autant se sentir bien…
Mon regard se pose sur la cuisine intégrée dont je rêvais… sur le mur « bleu seychelles » de la chambre… sur la terrasse… sur les collines au loin… sur Scotty qui, alternativement, se prélasse au soleil ou court à droite à gauche dans cet espace dont il continue à découvrir les recoins…

Je me sens bien et apaisé avec le sentiment d’avoir bien utilisé l’argent de l’héritage de Papa et Maman.
Ils avaient plus de 50 ans quand ils avaient enfin pu acheter une maison, leur maison, dans le Pas de Calais. Une forme d’aboutissement pour eux qui avaient commencé « sans le sou », avec deux enfants qu’ils avaient eu très jeunes.
Au fond de moi, j’ai le sentiment qu’acheter cet appartement, c’est aussi leur montrer que je respecte tout ce qu’ils m’ont légué. Je n’ai pas gaspillé cet héritage en choses fugaces, et quand je ne serai plus là, tout ira à la Fondation de France.

Je me sens bien, apaisé… et je suis chez moi !

Dans ma maison d’amour – Pierre Vassiliu (1971)

7 réflexions au sujet de « Dans ma maison d’amour (P. Vassiliu) »

  1. Je l’ai dit ailleurs, je te souhaite toutes les joies possible.Un chat parfait pour les câlins, du soleil tout là-haut sur la terrasse, un compagnon de route et de coquinerie.
    Chez Toi, ta tanière, ta « pleine conscience ».
    Comme tu veux, comme tu peux.
    Pas plus tard que ce jeudi, en pleine conscience je ne rien fait d’autre que lire, lancer le lave-linge, surveiller ma féline qui hélas ne tient plus beaucoup la route du tapis à mon lit. Chez moi comme je veux, comme je peux

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