J’ai peur des ciels sans horizons (Zazie)

Et c’est reparti pour le challenge « Inktober with a keyboard »
Chaque jour un mot, un thème comme point de départ à un billet.

Le mot du jour : « Dangereux ».

Je crois que j’ai toujours eu peur du vide, j’ai toujours souffert du vertige.
Tout petit déjà, mes parents me racontaient que je hurlais de peur à l’idée de monter sur une chaise. Et si elle n’était pas totalement stable, c’était la catastrophe.
Comme j’aime bien me moquer de moi-même avant que les autres ne le fassent, j’ai un jour déclaré que c’était cette peur du vertige qui m’avait fait arrêter de grandir au delà d’1,66m…

Falaise de Preikestolen – Norvège

J’associe au vide la notion de danger. La peur de tomber est liée à l’idée de se blesser, de souffrir.
Cette peur est intimement liée au rapport que j’entretiens avec mon corps.
Je me vois pataud, balourd, imprécis dans ses mouvements, mal coordonné. Je n’ai pas d’aisance, pas de fluidité dans les mouvements, pas de maitrise de l’équilibre et cela contribue à aggraver cette sensation d’être un handicapé de tout ce qui se rapporte de près ou de loin à l’activité un tant soit peu sportive.
Je me souviens de cet après-midi à Cassis où je suis resté plus de 30 minutes au bord d’un rocher qui surplombait l’eau de 6 ou 7 mètres. Je m’étais promis de plonger, comme le faisaient avec aisance et insouciance tous les gamins autour de moi. J’ai fini par le faire : j’ai respiré fort et j’ai plongé… J’étais fier de moi et soulagé, certaines personnes sur la plage m’ont même applaudi (peut-être pour se moquer ?). Mais je n’ai jamais pu recommencer, tellement le sentiment d’avoir flirté avec le danger était plus angoissant que celui du plaisir de plonger.

J’éprouve pourtant une forme de fascination pour ces vidéos tournées par ceux que je qualifie d’inconscients, qui escaladent des parois rocheuses ou des immeubles, ou qui dévalent à tombeau ouvert en VTT des pistes larges de 30 cm bordant des précipices. Mais je me sais incapable d’imaginer que j’aurais pu un jour, dans une autre vie, me frotter à ce genre d’exploit.

Le vide m’angoisse. La perte d’équilibre, la chute est une de mes plus grandes craintes. Tomber peut être douloureux autant pour le physique que pour l’ego. On rit toujours de quelqu’un qui se vautre par terre. Toujours cette fameuse crainte du regard des autres sur mon corps, ma silhouette, ma gaucherie, mon inconfort.
Je n’ai pas le souvenir de rêves tournant autour de la chute dans le vide. Pourtant quand on sait que « les rêves de chute dans le vide sont relatifs à un sentiment de vide affectif assez fort, ce sont des rêves d’angoisse », je devrais y être abonné…
Mais non.
Cette peur est bien physique, consciente. Elle exprime de façon évidente, je crois, le manque de confiance en moi, mais aussi sans doute dans les autres… Après tout ce n’est pas la première fois qu’on me reproche de trop réfléchir… Mais dans le combat Spontanéité contre LaPeurDuDanger, la spontanéité est mise KO au premier round.

Je me souviens de ma découverte de l’observatoire en haut du 01 World Trade Center à New York. Quand je suis arrivé sur la plate-forme, j’ai tout de suite constaté qu’à la différence de l’Empire State Building, l’observatoire était clos par des grandes baies vitrées descendant jusqu’au sol, qu’il n’y avait pas de muret en dur ni même de rambarde pour me rassurer et me sécuriser, que, seule, une vitre me séparait du vide.

Observatoire du 01 WordTrade Center

J’ai ressenti le danger autour de moi.
J’ai fait des photos certes, mais en restant à un mètre de la paroi vitrée (et mes photos sont donc pleines de reflets parasites…)
Je ne parle même pas de cette nouvelle manie que les ingénieurs ont de vouloir imaginer et construire des passerelles avec du verre sous les pieds des touristes intrépides (ou inconscients) pour rendre l’expérience encore plus extraordinaire. Ou éprouvante et suicidaire selon mes critères.

Le SkyWalk du Grand Canyon du Colorado

Je me demande d’ailleurs comment je vais faire dans mon futur appartement avec cette grande terrasse en porte-à-faux, ceinte d’une simple grille en métal comme garde-corps, censée me protéger d’une bascule dans le vide et donc de ma peur viscérale du danger…
Est-ce que l’architecte qui a dessiné ces terrasses est fiable ?
Est-ce que le ferraillage intégré dans le béton a été bien conçu ?
Puis-je faire confiance à ces gens pour dissiper ce sentiment de danger que je ressens dès que je pense au vide qui existera sous mon plancher ?
Est-ce que je vais réussir à oublier tout ça pour profiter de ma terrasse exposée sud-est à 25 mètres de hauteur ?
Est-ce que… Est-ce que ça ne sera pas dangereux ?

Zazie / Aaron – La place du vide

Ce billet est ma contribution au jeu d’écriture « Inktober with a keyboard ».
Demain, le mot du jour sera « Enlever ».

Une réflexion au sujet de « J’ai peur des ciels sans horizons (Zazie) »

  1. La peur de me vautrer je l’ai vaincue à force de me répandre dans les escaliers en montant en descendant, au sol, sur les passages piétons devant un bus, la terreur dans le métro je rasais le mur au plus loin des voies. Avec mon siège roulant électrique l’angoisse de restée coincée entre le quai et le wagon, des autres voyageurs plantés devant les portes comme hier, je sais qu’il y a des alertes à portée de main mais…Je ne peux plus fréquenter mon balcon le passage du seuil de la porte-fenêtre est un combat trop rude, je perds en spectacle je gagne en « sécurité » psychique, je n’ai jamais eu peur en avion !!! en bateau …oui !

    J’aime

Laisser un commentaire